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Il revient souvent à Gichin Funakoshi, fondateur du Shotokan, la paternité du changement des idéogrammes “main de Chine” en “ main vide” aux alentours de 1929.
Or dès 1905, Hanashiro Chomo, parlait déjà en ces termes :
“ Dans mes vieilles notes, j’avais trouvé une astuce en utilisant le kanji ou caractère chinois “ main vide” pour le karaté.
Depuis Aout 1905, j’ai l’habitude d’utiliser ce kanji “main vide “ pour kataté comme dans karaté Kumité. “
Ces paroles de Chomo Hanashiro sont issues de la retranscription de la réunion des enseignants de karaté d'Okinawa organisée par le journal RUYKYU SHIMPO, le 25 octobre 1936 à la salle Showa Kaïkan de Naha.
Parmi les plus célèbres professeurs présents, on peut retenir :
Chomo Hanashiro
Chotoku Kyan
Choki Motobu
Choju Miyagi
Choshin Shibana
Remarquons l’absence de Funakoshi Gichin, qui était, quant à lui, présent à la métropole nippone depuis 14 ans déjà.
Depuis 1929, ce dernier utilisait déjà l’idéogramme vide identique à celui de la vacuité bouddhiste pour définir son art.
“ Convaincu avec les bouddhistes que la vacuité est le cœur de toute création, j’ai persisté dans l’usage de ce caractère particulier pour nommer l’art martial auquel j’ai voué ma vie. “ Ecrit-il.
Souvent on entend parler d’une raison politique à ce choix.
Funakoshi s’exprime en ces termes : “Nous avons toujours utilisé à Okinawa les termes de Okinawa “ Te “ et “Todé”. Ce n’est qu’après mon arrivée à Tokyo que mes élèves et moi avons commencé à utiliser celui de karaté. Du fait qu'il n'existait pas d ‘archives écrites, il n’est pas certains qu’à l’origine Kara dans karaté s'écrivait avec le caractère Chine plutôt que vide”.
“Or durant tout le temps de l’admiration pour la chine et les choses qui venaient de là-bas était forte et vivace, il était d’usage au Ryükyü d’utiliser le premier sens pour signifier que quelque chose était de grande qualité. Influencé par cet usage et jusqu’à une période récente, on écrivait Karate avec le caractère Chine pour lui donner une connotation d’élégance. De fait un tel usage peut entrainer la confusion entre le karate et la boxe chinoise. Le kata et le Kumite que nous étudions de nos jours, ainsi que notre méthode d ‘entrainement n’ont de choses en communes, pour ne pas dire aucune, avec la boxe chinoise. “
Concernant Chomo Hanashiro, il parle bien d’une astuce, ce qui permet de garder le phonème en changeant le sens.
Outre une potentielle négation des racines chinoise du karate, il semble que ce changement fut effectué par tous à des moments différents, afin de faire reconnaitre l’art de la main vide comme identité japonaise et surtout 0kinawanaise.
Etant donné que la nouvelle écriture devenait populaire à Tokyo, les maître Japonais jugèrent qu’elle deviendrait de facto populaire et commune dans les autres régions du japon.
Beaucoup d’insulaire étaient visiblement attaché à l’écriture originelle, mais lors de la réunion d’écrite plus haut, il est clairement fait mention d’une crainte d’être marginalisé s'il n’y avait pas de changement vers mains vide.
Enfin comme le fait remarqué Jean Charles Juster dans une intervention sur les réseau sociaux, publiée à l’heure où j’écris ces lignes, il est primordial de comprendre que lors de cette réunion de 1936, la majorité des personnes présente n’était pas les maître de karate mais jouait plutôt un rôle “politique” ou administratif comme :
L'aide de camps du commandant du régiment d ‘Okinawa
Le directeur du bureau départemental de la sécurité publique
Des journalistes du Ryu kyu Kempo
Nakasoné genwa bien qu'expert de Karaté jouait également un rôle administratif et était connu pour ses positions pro japon.
Monsieur Ota, le président du journal de Ryukyu également aussi pro japon.
Sans oublier et c’est peut-être important, la présence de monsieur Furukawa, directeur de l’office des sports.
On peut dès lors émettre l’hypothèse que le changement de caractère entre mains de Chine et mains vide était d’abord et en premier lui soutenu voir peut-être même fermement suggéré par les administratifs présents.
Dans la retranscription de cette réunion, peut de maître émettent vraiment un avis clair sur le sujet, à l’exception de Hanashiro puisqu’il utilisait déjà ce nom
Une autre version soutenue par Henry Plee dans ses célèbres chroniques est que Funakoshi bien que voulant effacer le caractère chinois pour les raisons politique de l’époque, bien connues, aurait eu également l’idée que ce changement marquerait une rupture entre le karaté martiale ancien et le karaté boxe du poing à caractère sportif, que son fils et lui ont développé sur le continent.
De plus ce changement aurait permis au karaté de suivre les traces sportives du Judo.
Remarquons que c’est à la suite du changement de ju-jutsu en Judo, que les autres disciplines ont opté pour le même suffixe Do. Kendo, aïkido, iai-do, batto-do, etc ... était avant des "jutsu".
En conclusion, l’histoire est complexe et rien n’est tranché ni tranchant.
Bien que les origines du karaté soit chinoise, nous pouvons clairement dire que le berceau de celui-ci est Okinawa et que son évolution politique, administrative et sportive s ‘est déroulée au japon.
Merci pour votre lecture et n'hésitez pas à partager !
Vincent
ENG:
Gichin Funakoshi, the founder of Shotokan, is often credited with changing the Chinese ideogram "hand of China" to "empty hand" around 1929.
However, as early as 1905, Hanashiro Chomo was already using the term "empty hand" in his old notes for karate.
"These words from Hanashiro Chomo are from the transcript of the meeting of Okinawan karate teachers organized by the RUYKYU SHIMPO newspaper on October 25, 1936, at the Showa KaiKan hall in Naha.
Among the most famous teachers present were Chomo Hanashiro, Chotoku Kyan, Choki Motobu, Choju Miyagi, and Choshin Shibana.
Notice the absence of Gichin Funakoshi, who had been in the Japanese mainland for 14 years already.
Since 1929, Funakoshi had already been using the empty ideogram, identical to that of Buddhist emptiness, to define his art.
"Convinced with the Buddhists that emptiness is the heart of all creation, I persisted in the use of this particular character to name the martial art to which I have devoted my life," he wrote.
There is often talk of a political reason for this choice.
Funakoshi explains, "We have always used the terms Okinawa 'Te' and 'Tode' in Okinawa. It was only after my arrival in Tokyo that my students and I started using 'karate.' Since there were no written records, it is uncertain whether the 'kara' in karate was originally written with the Chinese character rather than the empty one."
"But during the time of admiration for China and things that came from there, it was common in Ryukyu to use the first meaning to indicate that something was of high quality. Influenced by this usage, and until recently, karate was written with the Chinese character to give it an elegant connotation. In fact, such usage can lead to confusion between karate and Chinese boxing. The kata and kumite that we study nowadays, as well as our training method, have no similarities, if not none, with Chinese boxing."
Regarding Chomo Hanashiro, he speaks of a trick, which allows a change in meaning while maintaining the sound.
In addition to potentially denying the Chinese roots of karate, it seems that this change was made by everyone at different times in order to recognize empty-hand art as a Japanese and, above all, Okinawan identity.
Given that the new writing became popular in Tokyo, Japanese masters believed that it would become de facto popular and common in other regions of Japan.
Many islanders were evidently attached to the original writing, but during the aforementioned meeting, there was clearly a fear of marginalization if there was no change to empty hands.
Lastly, as remarked by Jean Charles Juster in an intervention on social networks, published as of the writing of these lines, it is important to understand that at this 1936 meeting, the majority of the individuals present were not karate masters but rather played a "political" or administrative role, such as:
The aide-de-camp of the commander of the Okinawa regiment
The director of the department of public safety
Journalists from Ryu Kyu Kempo
Nakasoné Genwa, although an expert in karate, also played an administrative role and was known for his pro-Japanese positions
Mr. Ota, the president of the Ryukyu journal, also had pro-Japanese views
Not to mention, and this may be important, the presence of Mr. Furukawa, director of the sports office.
Therefore, one can hypothesize that the change in characters from "hand of China" to "empty hand" was first and foremost supported, or maybe even strongly suggested, by the administrative personnel present.
In the transcript of this meeting, few masters express a clear opinion on the subject, except for Hanashiro, since he was already using this name.
Another version supported by Henry Plee in his famous chronicles is that Funakoshi, although wanting to erase the Chinese character for political reasons of the time, would also have had the idea that this change would mark a rupture between ancient martial karate and the sportive punch boxing karate that he and his son developed on the mainland.
Furthermore, this change would have allowed karate to follow in the sporting footsteps of judo.
Notice that it was following the change from ju-jutsu to judo that other disciplines opted for the same suffix, "do." Kendo, aikido, iai-do, batto-do, etc., were previously "jutsu."
In conclusion, the history is complex and nothing is definitive or decisive.
Although the origins of karate are Chinese, it can be clearly stated that its cradle is Okinawa and that its political, administrative, and sporting development took place in Japan.
Thank you for reading and feel free to share!
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