Dans les arts martiaux japonais, le suffixe "do" signifie littéralement "voie" ou "chemin", tandis que "jutsu" signifie "technique" ou "art", voir même sciences. Les arts martiaux se terminant en "do" mettent l'accent sur le développement personnel, l'évolution mentale et spirituelle, et cherchent à cultiver des qualités comme la discipline, le respect et l'harmonie. Ils sont souvent pratiqués comme des voies de vie, visant à améliorer l'être humain dans son ensemble.
D'autre part, les arts martiaux se terminant en "jutsu" sont plus axés sur les techniques de combat et l'efficacité au combat. Ils sont souvent enseignés dans un contexte martial et ont pour objectif principal la maîtrise des techniques de défense et d'attaque. Les arts martiaux se terminant en "jutsu" sont généralement plus pragmatiques et moins axés sur le développement personnel. Bien qu'emprunter une voie martiale ne peut se faire sans une spiritualité saine. Il s ‘agit aussi comme l’a dit Kenji Tokitsu senseï de plonger dans la violence pour mieux en ressortir
Il est important de noter que cette distinction entre les formes "do" et "jutsu" n'est pas absolue et il peut y avoir des chevauchements et des variations dans les différents styles et écoles d'arts martiaux. Certains arts martiaux japonais portent encore le suffixe "jutsu" mais intègrent également des éléments de développement personnel. D'autre part, certains arts martiaux "do" peuvent également inclure des aspects pratiques de self-défense.
Cette transformation des arts martiaux reflétait une évolution plus large dans la société japonaise de l'époque. Entre le 11e et 16e siècle, le Japon était plongé dans une grande quantité de guerres civiles. Chaque Seigneur de guerre régnait sur une partie du territoire. L'ensemble du sol nippon regorgeait de guerriers en armure et les batailles étaient fréquentes.
Par contre, sous le régime de Tokugawa, le Japon était un pays fortement centralisé et régi par un code strict de comportement, connu sous le nom de bushido. Ce code mettait l'accent sur les vertus telles que la loyauté, l'honneur et la discipline, et les arts martiaux étaient considérés comme un moyen d'incarner et de développer ces vertus.
Les écoles d'arts martiaux, connues sous le nom de ryu, se sont multipliées pendant cette période. Chacune avait ses propres techniques et philosophie, mais toutes étaient basées sur des principes communs tels que la maîtrise de soi, la discipline et l'harmonie avec la nature. Les samouraïs, qui étaient les guerriers de l'époque, étaient encouragés à étudier ces arts martiaux afin de développer leurs compétences physiques et spirituelles.
Le développement des arts martiaux a également été influencé par les échanges culturels avec la Chine et d'autres pays asiatiques. Des influences telles que le bouddhisme zen et le néo-confucianisme ont été intégrées dans la pratique des arts martiaux, ajoutant une composante spirituelle à leur entraînement.
La popularité des arts martiaux a continué de croître tout au long de l'ère de Tokugawa. Des compétitions ont été organisées, où les guerriers pouvaient démontrer leur habileté et leur maîtrise. Des manuels sur les techniques de combat ont été publiés, codifiant les différentes techniques et formes technique.
Cependant, il est important de souligner que même si les arts martiaux ont connu une évolution significative pendant cette période, ils étaient toujours étroitement liés à la violence et aux conflits. Les samouraïs utilisaient leurs compétences martiales pour protéger leurs seigneurs et pour mener des guerres lorsque cela était nécessaire.
L'ère de Tokugawa a finalement pris fin au milieu du 19e siècle avec l'arrivée des puissances occidentales et l'ouverture forcée du Japon au commerce international. Cela a entraîné des changements rapides dans la société japonaise, y compris dans la pratique des arts martiaux.
Malgré cela, l'héritage des arts martiaux de l'époque Tokugawa perdure encore aujourd'hui. Des disciplines martiale modernes telles que le judo, le kendo et l'aikido sont toujours pratiquées dans le monde entier et continuent d'incarner les valeurs de discipline, de maîtrise de soi et de recherche de l'illumination spirituelle qui étaient si importantes pendant l'ère de Tokugawa.
Dans son livre “les clefs du kata de karaté” Senseï Toshio TAMANO s’exprime en ces termes :
“Aujourd’hui, nous désignons la plupart des arts martiaux japonais par le terme DO, Par exemple karaté-Do. A l‘origine, cependant, tous les arts martiaux étaient appelés Jutsu.”
“Pourquoi ce changement ? Pour le comprendre nous devons faire la différence de signification entre jutsu et Do. Jutsu fait référence à l’habilité, au degré ou au niveau d’habileté et de capacité technique que seules quelques personnes sont capables d‘atteindre dans certaines disciplines, après de nombreuses années d ‘entraînement dur et spécifique.
DO en revanche va bien au-delà. Comme mentionné, Do signifie le chemin. Mais il s’agit d’un sens allégorique. En effet ce chemin est le chemin de vie., la route que tous les humains doivent parcourir pour réaliser le véritable MOI. “
“ Même dans l’ancien temps, un artiste martial s’efforçait de perfectionner son Justu, non pas pour la technique elle-même mais plutôt pour suivre déjà le Do et atteindre l’illumination.”
En conclusion, la distinction entre les formes "do" et "jutsu" dans les arts martiaux japonais reflète une évolution historique et philosophique, ainsi que des différences dans les objectifs et les approches d'entraînement. Cependant, il convient de noter que chaque style et école d'arts martiaux a sa propre approche et interprétation de ces concepts, ce qui contribue à la richesse et à la diversité du japonais
ENG
In Japanese martial arts, the suffix "do" literally means "way" or "path", while "jutsu" means "technique" or "art", and even science. Martial arts ending in "do" emphasize personal development, mental and spiritual evolution, and seek to cultivate qualities such as discipline, respect, and harmony. They are often practiced as ways of life, aiming to improve the human being as a whole.
On the other hand, martial arts ending in "jutsu" are more focused on combat techniques and combat efficiency. They are often taught in a martial context and have as their main objective the mastery of defense and attack techniques. Martial arts ending in "jutsu" are generally more pragmatic and less focused on personal development. However, embarking on a martial path cannot be done without a healthy spirituality. As Kenji Tokitsu sensei said, it also involves diving into violence to come out better.
It is important to note that this distinction between "do" and "jutsu" forms is not absolute and there may be overlaps and variations in different martial arts styles and schools. Some Japanese martial arts still have the suffix "jutsu" but also integrate elements of personal development. On the other hand, some martial arts ending in "do" may also include practical aspects of self-defense.
This transformation of martial arts reflected a broader evolution in Japanese society at the time. Between the 11th and 16th centuries, Japan was immersed in a great number of civil wars. Each warlord ruled over a part of the territory. The whole of Japan was filled with armored warriors and battles were frequent.
However, under the Tokugawa regime, Japan was a highly centralized country governed by a strict code of conduct known as bushido. This code emphasized virtues such as loyalty, honor, and discipline, and martial arts were considered a means of embodying and developing these virtues.
Martial arts schools, known as "ryu", multiplied during this period. Each had its own techniques and philosophy, but all were based on common principles such as self-mastery, discipline, and harmony with nature. The samurais, who were the warriors of the time, were encouraged to study these martial arts in order to develop their physical and spiritual abilities.
The development of martial arts was also influenced by cultural exchanges with China and other Asian countries. Influences such as Zen Buddhism and neo-Confucianism were integrated into the practice of martial arts, adding a spiritual component to their training.
The popularity of martial arts continued to grow throughout the Tokugawa era. Competitions were organized, where warriors could demonstrate their skill and mastery. Manuals on combat techniques were published, codifying the different techniques and technical forms.
However, it is important to emphasize that even though martial arts underwent significant changes during this period, they were still closely associated with violence and conflicts. The samurais used their martial skills to protect their lords and to wage wars when necessary.
The Tokugawa era eventually came to an end in the mid-19th century with the arrival of Western powers and the forced opening of Japan to international trade. This led to rapid changes in Japanese society, including in the practice of martial arts.
Despite this, the legacy of Tokugawa-era martial arts still endures today. Modern martial disciplines such as judo, kendo, and aikido are still practiced worldwide and continue to embody the values of discipline, self-mastery, and the search for spiritual enlightenment that were so important during the Tokugawa era.
In his book "Les clefs du kata de karaté", Sensei Toshio TAMANO expresses it as follows:
"Today, we refer to most Japanese martial arts as 'Do', for example karate-Do. Originally, however, all martial arts were called Jutsu."
"Why this change? To understand it, we must differentiate the meanings of jutsu and Do. Jutsu refers to skill, the degree or level of skill and technical ability that only a few people are able to achieve in certain disciplines, after many years of hard and specific training.
Do, on the other hand, goes much further. As mentioned, Do means the way. But it is an allegorical sense. Indeed, this way is the path of life, the road that all humans must travel to realize their true self."
"Even in ancient times, a martial artist strove to perfect their Jutsu, not for the technique itself but rather to already follow the Do and reach enlightenment."
In conclusion, the distinction between "do" and "jutsu" forms in Japanese martial arts reflects a historical and philosophical evolution, as well as differences in training objectives and approaches. However, it should be noted that each style and school of martial arts has its own approach and interpretation of these concepts, contributing to the richness and diversity of Japanese martial arts.
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